• Dans l’immense métropole américaine, les petits vendeurs de journaux vont, viennent, s’époumonent, gesticulent, fourmillent aux abords des gares, du port, des théâtres, des cafés.
     
    « Extry ! Extry ! Extry ! » crient, en nous secouant sous le nez leurs immenses feuilles toutes fraîches sorties de l’imprimerie, des gamins de huit à dix ans, qui semblent jaillir du sol et y rentrer, sans qu’on sache comment, ainsi que des légions de rats. Comme les rats, en effet, ces minuscules citoyens ont leurs trous, leurs nids, où ils dorment quand ils peuvent, le plus souvent dans l’après-midi, aux « heures neutres » de la journée. C’est de huit heures du soir à deux heures du matin, en effet, qu’ils ont le plus de chances de placer leur marchandise.
     
    Mais la vente des journaux n’est qu’une des mille et une occupations de ces petits Yankees, qui sont en outre d’enragés parieurs, ayant leurs bookmakers et toute une organisation de paris mutuels, et qui sont aussi des fumeurs d’opium se glissant dans les cabarets borgnes du quartier chinois, des pickpokets à l’occasion, parfois d’honnêtes commissionnaires, trop souvent d’effrontés mendiants. Beaucoup finissent par échouer sur les bancs de la correctionnelle; mais beaucoup aussi s’élèvent avec les années, de degré en degré, sur l’échelle sociale, et deviennent de puissants financiers ou industriels; car la rude école de la rue vaut, pour ceux qui tournent bien, les meilleures écoles du monde.
     
     
    « A travers le monde » Hachette, Paris, 1905.

     


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  • On a pu lire dans un journal américain l’entrefilet suivant :

    De façon à pouvoir équilibrer son budget, l’Etat de Michigan vient de décider qu’il délivrerait désormais, à l’instar des permis de chasse, des « permis de s’enivrer » à toute personne qui en ferait la demande en l’accompagnant d’une somme de cinq dollars.

    Moyennement le versement de cette somme, les titulaires des permis en question auront le droit, pendant un an, de boire, où ils voudront et tant qu’ils voudront, toutes les liqueurs alcoolisées qu’il leur plaira.

    Si pendant ce temps ils sont rencontrés en état d’ébriété, ils n’auront à craindre aucune poursuite judiciaire en dépit des lois de l’Etat qui punissent sévèrement le délit d’ivresse.

    Pour être tout à fait complets, nous devons ajouter que c’est en 1893 que ces lignes ont paru…

    « Le Pêle-mêle : journal hebdomadaire. »  Paris, 1930.

    https://gavroche60.com/2016/04/12/permis-de-senivrer/


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